Ré édition : Zulma
Titre V.O Far North
Traduit par de l'anglais par Stéphane Roques
Prix papier 20 € / Numérique : 12,99 €
397 pages
Ici, dix mois par an, le climat mord la peau. Le silence règne, désormais. La ville est plus vide que le paradis.»
Au nord du monde, la terre s’étend à perte de vue, anéantie par un cataclysme. Parmi les décombres, le shérif Makepeace erre. La route porte ses pas, à la recherche d’un temps qui n’existe plus et d’une humanité à reconstruire. Ravivant à l’horizon la lueur d’une rédemption…
Un roman visionnaire et obsédant sur la beauté du monde et sa fragilité.
Dans ce roman nous découvrons Makepiece, rien que le nom laisse songeur, shérif de son état, celui-ci continue à faire des rondes dans son village Natal, Evageline. Village de quakers, installés depuis à peine une génération par choix d'une vie simple, épurée, loin des grosses villes et de leur technologie. Les Parents de Makepiece ont fait ce choix et se sont donc établis en Sibérie, quittant leurs Amériques. Seulement, Makepiece patrouille dans une ville fantôme, seule âme encore vivante de ce désert glacé, il y a eu visiblement un bouleversement, de quel ordre, nous n'en savons guère plus...
« Chaque fois que je montais en selle dans la cour et que je sortais, j'estimais que tous ceux que je croisais avaient, d'une façon ou d'une autre, l'intention de me tuer ou de me voler. Mais je ne pouvais pas vivre comme ça sous mon toit. J'ai décidé de faire confiance à Ping, pas parce que j'avais un bon instinct à son sujet - je ne le connaissais ni de Ping ni de Pong – mais parce que je ne pouvais vivre autrement. »
Et c'est avec ce personnage, qui se dévoile peu à peu, fragment par fragment dans cet environnement hostile qu'est la Sibérie que se plante le décor de ce roman. Où les conditions de survie dans un monde sont telles que l'Homme confronté à ce bouleversement, fera le choix comme beaucoup de se ranger dans ces pires retranchements où l'exploitation humaines est monnaie courante, où la confiance en son congénère n'est plus qu'un rêve éphémère. C'est donc dans les pas de Makepeace que nous suivons ses aventures, ses déboires passant du fatalisme, comme à la combativité. Un personnage doté d'une extrême pudeur, où les émotions nous pénètrent immanquablement.
« Il ne pensait pas à mal, mais c'était quand même un peu vexant. Je suis susceptible pour ces choses-là. J'ai des manières frustes. J'ai déjà agi avec brutalité. Mon ignorance m'inspire de la honte, comme le gouffre entre moi et mes parents.
Il est très difficile de s'étendre d'avantage sur ce livre, un roman magnifique qui s'est vu doté d'un excellent travail de traduction. Je me réjouie vraiment que ce livre est fait l'objet d'une lecture commune et donc d'échange entre lecteurs, tant le livre est riche d'autant plus qu'il se révèle très complexe à chroniquer tant il est important de préserver le futur lectorat, il serait vraiment dommage d'un dire plus.
Je finirais avec un extrait de la postface brillamment écrite par Haruki Murakali :
« Nous savons déjà que les événements décrits ne relèvent pas d'un simple postulat fictionnel, mais sont le reflet d'une réalité qu'il nous est impossible de ne pas regarder en face, ou d'une autre chose subordonnée à la réalité. Ce que nous découvrons en lisant une histoire est assurément une émotion partagée, fût-elle douloureuse. En l’occurrence, nous trouvons dans ce récit un canal fiévreux, large, pulsant et torturé... »
La chronique Jae-lou, Vert, Lorhkan, Lune, Rose, Nathalie et celle de Gromovar