Aux Mûriers, l’ennui tue tout aussi sûrement que la vieillesse. Matt Cirois, 90 ans et des poussières, passe le temps qu’il lui reste à jouer les gâteux. Tout aurait pu continuer ainsi si Maglia, la doyenne de la maison de retraite, n’avait vu en rêve le fléau s’abattre sur le monde. Et quand, après quarante jours et quarante nuits de réclusion, les pensionnaires retrouvent la lumière et entrent en chaises roulantes dans un Paris dévasté, c’est pour s’apercevoir qu’ils sont devenus les proies de créatures encore moins vivantes qu’eux. Que la chasse commence...
Fabien Clavel, lauréat d’une douzaine de prix et auteur d’une vingtaine de romans, est l’une des voix les plus connues de l’imaginaire. Sa plume caméléon s’adapte à sa volonté d’en explorer tous les sous-genres. Avec L’Évangile cannibale, il revisite le mythe du zombie et du survival dans un roman court, rythmé et caustique
J'avais envie de lecture rapide et divertissante. Et justement la dernière parution des éditons ActuSF avait tous les ingrédients pour plaire, le thème proposé était tellement énorme que j'avais envie de me jeter sur cet ouvrage, Zombie Vs vieux en fauteuil roulant, il y a de quoi intriguer. Et surtout une énorme curiosité : comment l'auteur a réussi à développer un tel roman !!
Les zombies ne débarquent pas tout de suite et c'est tant mieux. Fabien Clavel a fait un remarquable travail d'introduction. Le roman débute sur « Je suis un Salopard. Oui un sale enfoiré, une grosse enflure » Le ton est donné, le roman sera narré par Matt Cirois, un vieux saligaud, qui ne manque pas une occasion de faire chier son monde !! On va donc suivre les tribulations d'un groupe du 4ème âge en manque de liberté découvrir un monde qui leur étaient jusqu'ici dissimuler. Chausser vos fauteuils roulants, recharger vos batteries et c'est partie pour une aventure à deux roues moteurs à 2 à l'heure...
Aujourd'hui on rejette la culpabilité sur l'autre. On aime se poser en victime. Immaculée conception. Blancs comme neige. Tu peux rien me dire, je suis une victime. J'ai des droits. Qu'on bafoue.
Ce qu'est bizarre avec cette méfiance généralisée, c'est qu'elle s'étend à toute la fiction. On passe son temps à dénoncer les incohérence, les invraisemblances dans un scénario, un roman. On se persuade qu'on est lucide. On pense démontrer les mensonges comme les histoires qui s'affirment telles, alors qu'on se crée sa propre fiction... Son autofiction, son petit délire perso avec lequel on est en parfait accord. Et pendant ce temps là, on accepte sans broncher les mots d'un gars qui, y a plus d'un millénaire, affirme avoir causé à dieu. C'est comme si l'esprit critique se trompait de cible. Exprès. Pour pas voir la réalité.
Malgré ce récit qui paraît être un divertissement pure au 42ème degrés et bien on se réjouit de lire une telle distraction avec une plume aussi subtile et ceci dans la bouche d'un vieux débris acariâtre qui ne manque ni de finesse d'esprit ni de lucidité quoi que ...
L'interview à la fin de l’ouvrage vient apporter des pistes de multiple lecture très intéressante qui viennent encore convaincre que ce roman n'est pas qu'un simple et énième roman sur les zombies. Le thème qui finalement ressortait de la 4ème de couverture s'avère finalement beaucoup plus complet et complexe qu'au premier abord.
Un livre à découvrir qui ravira le fan de lecture zombiesque mais franchement pas que !
Morceau choisi dans l'interview :
Fabien Clavel : Donc, les explications données dans le roman font appel à des angoisses et des questions profondes. Cependant, il ne faudrait pas pour autant croire Mat qui n’est pas entièrement fiable comme narrateur : plusieurs éléments en sont donnés en cours de roman (dissimulations, incohérences, divagations…)