Editions : Folio
Traduit de l'anglais par Laetitia Devaux
Prix papier : 8,10 € / Numérique : 7,90 €
307 pages
John Smythe est venu s'installer avec ses enfants, Cathy et Daniel, dans la région d'origine de leur mère, le Yorkshire rural. Ils y mènent une vie ascétique mais profondément ancrée dans la matérialité poétique de la nature, dans une petite maison construite de leurs mains entre la lisière de la forêt et les rails du train Londres-Édimbourg. Dans les paysages tour à tour désolés et enchanteurs du Yorkshire, terre gothique par excellence des soeurs Brontë et des poèmes de Ted Hughes, ils vivent en marge des lois en chassant pour se nourrir et en recevant les leçons d'une voisine pour toute éducation. Menacé d'expulsion par Mr Price, un gros propriétaire terrien de la région qui essaye de le faire chanter pour qu'il passe à son service, John organise une résistance populaire. Il fédère peu à peu autour de lui les travailleurs journaliers et peu qualifiés qui sont au service de Price et de ses pairs. L'assassinat du fils de Mr Price déclenche alors un crescendo de violence ; les soupçons se portent immédiatement sur John qui en subit les conséquences sous les yeux de ses propres enfants... Ce conte sinistre et délicat culmine en une scène finale d'une intense brutalité qui contraste avec la beauté et le lyrisme discret de la prose de l'ensemble du roman
Je ne peux pas donner mon avis sur ce livre sans faire un aparté sur le pourquoi-comment je fais revivre mon blog.
Déjà j'ai eu une panne de lecture qui a duré bien trop longtemps, j'ai bien eu du mal à remettre le pied à l'étrier. J'ai réussi grâce à Betty de Tiffany McDaniel (un pur bijou ce livre).
Cela m'a permis de faire un premier constat c'est que je suis de plus en plus attiré par le nature writing. Après je n'abandonnerai pas la SF, je fais pas une crise de la quarantaine au point de me dénaturé autant !
Le second constat c'est fait lors d'une discussion avec mon podologue ! Oui nous avons sympathisé avec notre podologue en même temps il lit de la SF, fait sa bière et aime Star Wars ( un type bien !)
En plein échange sur nos lectures et conseils de découverte SF, passant par Lovecraft, Dan Simmons, Walter Tevis, François Baranger et Argyll éditions... Je lui ai parlé de mon blog et la nostalgie prenant le dessus. Je suis retournée lire mes billets, mes bilans Z. Et merde, je me suis rendue compte que la fille qui tenait ce blog elle me manquait.
Venons en au livre !
Elmet c'est d'abord un vieux royaume celtique d'Angleterre, intégré au Yorkshire depuis des siècles.
Ce titre quelque peu nébuleux prend son sens dans l'essence même du récit.
Elmet, c'est le récit d'un adolescent, Daniel, en construction, qui vit et grandit auprès de sa sœur et de son père. En constance introspection, ce jeune homme recherche ses racines en les observant.
Son père, John, est une montagne, une force de la nature, qui s'est servi de son physique pour faire de cet atout un outil de travail. John gagne sa vie en gagnant des combats clandestins. Cathy, la sœur, a hérité de la force et du charisme de son père. Lui se sent diffèrent, d'un physique plus fluet, d'une personnalité moins prononcé. Il va trouver un repère auprès de Vivien, qui vit dans la maison la plus proche de la leur, à 2 km.
Les adolescents et leur père vivent à l'orée d'un bois, parcelle sur laquelle le père a construit une maison. Ils y vivent en quasi autarcie et de manière marginale. Les enfants déscolarisés occupent leur journée en chasse, jardinage et en passant, surtout pour Daniel, du temps à discuter avec Vivien et en découvrant les livres qu'elle possède.
Seulement John a construit cette maison sur un terrain qui ne lui appartient pas. Et il va en faire les frais. Deux mondes s'affronte, des valeurs différentes, une perception de la vie différente. John occupe un terrain laissé à l'abandon, qui avait appartenu à la mère des enfants mais vendu à un oppresseur local, Price, qui fait respecter la loi à sa façon.
Là où John et ses enfants, jouissent des bienfaits de la nature, se nourrissant d'une chasse respectueuse des proies. Price y voit du braconnage et une violation de sa propriété. Price entend faire valoir ses droits à sa façon.
John va alors chercher des soutiens parmi les personnes qu'il a pu aidé et auprès de gens faisant les frais du même oppresseur. Il va miser toute sa défense sur une lutte contre Price dans le but de sauver sa famille.
Mais rien ne va se passer comme prévu, Daniel et sa famille vont payer le prix fort de cette opposition.
Récit captivant et pastoral. L'ambiance générale du livre y reste cependant pesante. Daniel semble mal dans sa peau et a conscience de la marginalité de sa famille. Il en ressent les bienfaits et les limites sans pour autant les textualiser dans son récit, ni les opposé à son père.
Je suis rentrée très vite dans le récit, Fiona Mozley a su m'embarqué dans la vie de Daniel. Qui dresse le portrait d'une famille marginale qui ne fait de mal à personne, mais dont la singularité dérange pour peu qu'en plus elle se mette dans l'illégalité. Récit transposable, où l'inconnu fait peur et nous confronte à la limite notre tolérance.