jeudi 7 février 2013

Le Boucher - Olivier Gay





Pour commencer, je crois qu’il n’est pas inutile de faire une présentation succincte de l’éditeur. les éditions Midgard sont nées il y a assez peu de temps avec une ligne éditoriale qui se veut borderline, un mélange des genres sans complexe dans du moyen format. Il faut donc s’attendre à une lecture divertissante et rythmée de leurs romans …
Dans le Boucher, nous retrouvons la plume d’Olivier Gay dont le premier roman, Les talons hauts rapprochent les filles du ciel , paru au premier trimestre 2012, a immédiatement été récompensé par le prix de Beaune 2012.

Qui est donc cette mystérieuse Deria, belle et talentueuse, flamboyante et arrogante, qui vient déranger Mahlin durant sa garde pour demander à voir l’Empereur ? Qui est son père, pour qu’elle soit aussitôt accueillie, bien traitée, intégrée à la cour ?
La question se pose de manière plus brutale lorsqu’on la retrouve assassinée. Et Mahlin, accompagné de Shani la jeune servante, se retrouve au cœur d’une conspiration qui menace d’entraîner l’Empire tout entier dans la tourmente.
Car le père de Deria n’entend pas laisser le crime impuni. Vingt ans après avoir gravé sa légende en lettres de sang, le Boucher reprend du service. 

Dans une ambiance semi moyenâgeuse, nous faisons successivement connaissance avec les divers protagonistes qui vont arpenter habilement les pages de ce livre. L’auteur sait planter son décor et surtout ses personnages et ce, quel que soit leur destin. La jeune Deria avec laquelle vous venez de faire connaissance dans la présentation sera victime d’un assassinat et c’est de cet évènement que va découler la suite de l’intrigue.

Le roman commence sur Mahlin, un jeune garde affecté à la surveillance de la porte Ouest du Palais de Musheim. Une poterne servant quasi exclusivement aux sorties discrètes et nocturnes de la soldatesque. Au cours d'une de ses nuits de garde surgit Deria Froideval,  une jeune noble dont Mahlin va alors s’éprendre. Celui-ci va vite se faire rejeter mais une amitié va naître entre eux. Quant à Shani, la jeune servante, celle-ci va également sympathiser avec Deria. De domestique attitrée, elle va dès lors devenir également une amie.
Mais voilà, quelques temps après son arrivée, Deria est retrouvée assassinée dans la basse-ville, un quartier très peu fréquentable de la capitale impériale de Musheim. C’est de ce malheureux meurtre que vont découler les manigances des nobliaux de la cour. En soi, la mort d’une jeune fille dans la basse ville n’est pas exceptionnel, mais Deria n’est pas n’importe qui. Elle est la fille du légendaire Rekk le Boucher, le faiseur de veuves, celui que l’on mentionne tel un mythe afin de faire peur aux enfants. Tout le monde connaît d’avance sa réaction : si celui-ci venait à apprendre la mort criminelle de sa fille, il reviendrait alors dans la capitale faire couler le sang de la vengeance ….

Et comme rien ne se passe telle que cela avait été manigancé, effectivement Rekk revient à Musheim, avec un seul objectif : trouver et tuer l’assassin de sa fille.
J’ai passé un très bon moment avec un livre très bien orchestré, dynamique et rondement bien mené. Les scènes de combats n’ont pas à pâlir devant un bon Gemmell et les intrigues au pouvoir sont également très bien ficelées, on reste d’ailleurs sur notre faim. Même si la conclusion du premier tome nous apporte quelques éléments de réponses, on ne sait toujours pas qui tire les ficelles, qui est la marionnette de qui et pour les bénéfices de qui, de quoi …

Alors certes, ce roman n’est pas exempt de défaut, j’aurais aimé que certains passages soient un peu plus courts, car j’ai trouvé que la dynamique s’essoufflait un peu par moment, mais globalement, le livre a un très bon rythme et se lit avec une grande facilité. Ce qui m’a fait sourire, c’est le nombre de fois où cette  pauvre Shani ne se rend pas compte qu'elle a retenu sa respiration, surtout dans la première partie du roman. Après tout s'arrange, elle gère sa respiration comme il faut …
J’ai trouvé la construction des personnages réussie, avec des caractères bien tranchés que l’auteur a su faire évoluer de façon cohérente. On pourrait se dire que finalement, la description de l’anti-héros, Rekk, est assez clichée mais  il répond parfaitement à nos attentes. Il représente la force brute, avec un charisme hors du commun, tel que l’on peut l’apprécier chez Gemmell d’ailleurs. Pour tout dire, j’ai eu la même sensation de lecture qu’en lisant un Waylander. Certains passages, je ne les ais pas lus, je les ai vécus ; je me permets même  de vous livrer un extrait pour partager la beauté du combat :
"L’espadon s’abattit de nouveau, l’épée du Boucher s’interposa au dernier moment.

— Chante avec moi !

Rekk baissa la tête alors que la lourde lame sifflait vers son visage.

— Chante avec moi ! répondit l’autre en écho avant de tenter un coup d’estoc.

— Chante avec moi, le sang et l’acier !
Un coup d’estoc.
— Chante avec moi, le sang va couler.
Un coup de taille.
— Je mangerai ton cœur !
Une feinte au visage.
— Je boufferai ton foie !
Une parade, une feinte de corps.
— Il n’y a qu’un vainqueur !
Un pas de côté, un assaut brutal.
— Et ce vainqueur…
— C’est moi !
Rekk se fendit, frôlant la poitrine de son adversaire. Mais le coup était porté de trop loin pour être réellement efficace.
— C’est moi !
Comeral engagea brutalement le fer, repoussant son adversaire à l’autre bout de la pièce.
Ils riaient tous les deux, chantant au rythme de l’acier."


Bref c’est bon, c’est prometteur et en plus c’est un auteur français. Ce n’est pas pour faire du chauvinisme, c’est simplement pour rappeler au lectorat que oui, il y a de la très bonne fantasy française et ça serait dommage de passer à côté. Si je n’ai pas fini de vous convaincre, sachez que si vous avez aimé Druss et Waylander de Gemmell, Le Baiser du rasoir de Daniel Polansky ou encore j’oserais même Gagner la guerre de Jean-Philippe Jamorski, vous ne serez pas déçu par ce livre. J’attends donc le tome 2 avec une impatience non feinte …

                  


L'auteur : Né à Grenoble en 1979, Olivier Gay vit aujourd’hui à Paris. Longtemps consultant en stratégie il se consacre désormais à l’écriture. Avec Les talons hauts rapprochent les filles du ciel, il a obtenu le Prix du premier roman du festival de Beaune en 2012 et a depuis publié au Masque la suite des aventures de Fitz, Les mannequins ne sont pas des filles modèles, puis Mais je fais quoi du corps ? ainsi que deux romans de fantasy, Le Boucher et la Servante aux éditions Midgard-Lokomodo

L'avis de Dup 

Ma chronique de son thriller : Mais je fais quoi du corps ?

Article précédemment paru sur Mythologica 

2 commentaires:

  1. C'est rigolo, nous avons eu la même référence à Gemmell :))

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  2. Du coup je suis retournée voir ta chronique. Je ne me souvenais plus que tu y faisais référence.
    Et oui effectievement un Héros à la gemmell mais même dans les descriptions des combats, j'ai eu cette même impression d'y participer !

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