dimanche 19 mars 2017

✶✶ Mes vrais enfants - Jo Walton ✶✶



Editions : Denoël Lunes d'encre
Date de publication : 19/01/2017
Trad. de l'anglais par Florence Dolisi
Illustration de couverture : Aurélien Police
Prix papier : 22,50 € / Prix numérique : 15,99 €
342 pages

Née en 1926, Patricia Cowan finit ses jours dans une maison de retraite. Très âgée, très confuse, elle se souvient de ses deux vies. Dans l’une de ces existences, elle a épousé Mark, avec qui elle avait partagé une liaison épistolaire et platonique, un homme qui n’a pas tardé à montrer son véritable visage. Dans son autre vie, elle a enchaîné les succès professionnels, a rencontré Béatrice et a vécu heureuse avec cette dernière pendant plusieurs décennies. Dans chacune de ces vies, elle a eu des enfants. Elle les aime tous… Mais lesquels sont ses vrais enfants : ceux de l’âge nucléaire ou ceux de l’âge du progrès? Car Patricia ne se souvient pas seulement de ses vies distinctes, elle se souvient de deux mondes où l’Histoire a bifurqué en même temps que son histoire personnelle.


Voilà deux semaines que j'ai fini de lire « Mes vrais enfants ». Deux semaines que je me torture l'esprit, de comment construire une chronique sans déverser en filigrane trop de mes tortures personnelles. Dans le même esprit de roman, j'avais déjà été frappée par « L'échange » d'Alan Brennert que je n'avais d'ailleurs pas pu chroniquer. 

Mes vrais enfants, c'est les vies d'une femme, Patricia Cowan. Une femme, deux vies, deux univers. Où le choix dans un des mondes entraîne, ou se déroule dans, un contexte historique qui diffère d'une vie à l'autre au moment où Patricia fait le choix qui guidera chacun de ses univers. Le roman par ce biais flirte habilement dans une uchronie légère qui vient accentuer les conséquences du choix et les déclinaisons du "et si".
Le poids d'une décision sur une vie, l'acte manqué qui débouche sur une tout autre existence. Voici un thème qui m'est difficile de traiter, perpétuellement indécise, convaincue que la vie est trop courte qu'il m'est si compliqué d'accepter d'emprunter qu'un seul chemin. 

D'un côté, Patricia Cowan prend le chemin que la société lui a tracé. Une jeune femme conditionnée à croire qu'elle aime un homme qui reflète juste ce que représente l'avenir d'une femme à cette époque d'après-guerre. Elle épouse donc Mark qu'elle est convaincue d'aimer, un homme bouffé par l'amertume, qui lui fait croire que l'amour, la vie de couple ressemblent à un chemin de labeur et où elle ne représente finalement qu'un ventre fécond. Elle donnera naissance à quatre enfants, grossesses entrecoupées de nombreuses fausses couches et désillusions. Patricia ne trouvera de soutien de personne, jusqu'au jour où elle s'émancipera quelque peu par le travail et par son divorce. 

Et puis dans un autre monde, Patricia refuse d'épouser Mark. Elle fera d'autres rencontres, tombera réellement amoureuse, d'une femme, aura un tempérament plus affirmé, elle décidera pleinement de sa vie. Elle aura 3 enfants. Mais ne sera pas non plus épargnée par la vie, dans un monde de désastre nucléaire.

Au crépuscule de sa vie Patricia se remémore ses deux vies, convaincue d'avoir vécu les deux, d'avoir aimé tout autant chacun de ses enfants dans ces deux univers.

« Mes Vrais Enfants » est un roman qui perturbe nos émotions, nous questionne sur nos choix, et nous pousse au fantasme d'autre existence. Un récit émouvant dans lequel chacun se retrouvera de façon différente, roman aussi intéressant par sa construction que par son choix narratif. Le roman peut s’avérer dérangeant pour peu que vous soyez aussi névrosé que moi. Ce côté dérangeant peut provoquer un effet d'adhésion comme un effet répulsif, mais il en fait surtout un roman incontournable de cette année 2017. 






lecture n°1





7 commentaires:

  1. Un incontournable en effet... et qui reste longtemps à l'esprit.

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    1. Il a fortement influencé ma dérive mental du moment...

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  2. C'est une belle uchronie avec ce point de divergence en "et si".

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  3. C'est un très beau texte, sa lecture a été un sacré voyage émotionnel (et il a aussi fait beaucoup d'effet à ma maman d'ailleurs).

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  4. Ouf pareil! Ma chronique est toujours en "mode brouillon" alors que je l'ai terminé début février...
    (Bon là je crois que je peux la balancer en ligne...) J'avais difficile de parler de ce livre car je voulais aussi garder tout le mystère sur la "double vie"... parce que ça m'a surprise quand j'ai compris... une très bonne surprise.
    J'ai aussi trouvé ce roman plein plein d'émotions, et il m'a beaucoup plu!

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  5. Beau retour pour ce superbe livre. Je pense qu'il va faire partie des bouquins que je conseille aux non initiés :)

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  6. J'aime beaucoup l'auteure, mais je sais pas pourquoi celui-là m'attire moins.

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