Editions : ActuSF
Collection : Les 3 souhaits
Date de parution : 04/2012
Illustration de couverture : Diego Tripodi
Prix papier : 12 € / Prix numérique : 5.99 €
202 pages
Mexique : Juárez. La ville monstre dévore ses femmes. Leurs souffrances et leur sang nourrissent des cauchemars si anciens que la mémoire des hommes les a oblitérés.Auteur d'une douzaine de romans, Thomas Day signe ici une petite pentalogie des violences faites aux femmes. Cinq récits aux frontières du réel, qui interpellent, choquent ou font réfléchir.
Allemagne : Un eros-center. Cinq étages sans ascenseur, plaisir hâté pour luxure tarifée. La romance qui naîtrait dans ces murs ne pourrait que se poursuivre dans la folie et la violence.
Groenland : L’hiver est le dernier refuge de Cassandra. La désolation glacée pour couver l’oubli. L’oubli de soi et du pouvoir de trop en voir.
Afghanistan : Nous sommes les violeurs. Mercenaires et touristes. Toubib, Bobbie, Goran, le Juif et l'Australien... En mission, mystiques, égarés. Nous sommes les violeurs. Nous sommes les libérateurs.
France : Les poings qui vengent, les pistons qui rendent les coups. Tous les coups silencieux de la lâcheté des hommes. La revanche extraordinaire sur la violence ordinaire.
Ce recueil se compose de cinq nouvelles, cinq nouvelles pour les cinq doigt qui compose un coup de point. Autant de nouvelles qu'il y a de continent (je ne compte pas l’antarctique) , pour nous faire comprendre que la violence fait au femme ne se cantonne à un pays, ne se décline pas que d'une seule manière. La violence s'insinue partout ...
J'avais découvert Thomas Day par sa nouvelle Semaine Utopique dans Contrepoint. Elle m'avait laissé, soit disant, sans opinion, ce qui est faut. J'avais simplement pas envie de me pencher dessus. Et je chroniquais alors pour un autre support... Entre temps je me suis mangée trois années, lue, appris, compris. Et j'ai un peu mieux percuté le propos, reste que Semaine Utopique n'est pour moi pas la nouvelle du siècle. Et c'est surtout pas par cette nouvelle qu' il faut commencer si vous souhaiter découvrir Thomas Day. D'ailleurs, je n'ai aucun conseil de lecture à promulguer, reste que je suis passé à c'est quoi cet auteur ; plus jamais, à j'en ai encore deux à lire dans ma bibliothèque à savoir du Sel dans les paupières et sept secondes pour devenir un aigle. Comme quoi il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis.
C'est donc en toute connaissance de cause que je me suis lancée dans la lecture de Women in chains, en sachant très bien que l'auteur ne nous bercerait pas de moral inféconde et de propos mielleux indigestes. On parle de violence fait aux femmes, et l'auteur ne prend pas de gants. Pourquoi ? C'est en heurtant que l'on éveille les esprits. C'est comme une bonne campagne de prévention routière, si vous choquez pas, ça ne fait réagir personne. Plus ça choque plus ça marque.
L'auteur commence violemment avec sa nouvelle La ville Féminicide, l'auteur s'est d'ailleurs documenté et cela pour chacune de ses nouvelles, ici cela reprend l'affaire des disparues des Ciudad Juarez. Le propre de cette nouvelle c'est qu'elle donne la voix à un salaud. Le constat de cette violence ne se conjugue pas à la première personne du singulier. Un coup il donne la voix à un sombre connard ou un sauveur comme dans Eros center. Dans tu ne laisseras point vivre, on est plus dans la fuite et le jugement quotidien que les femmes subissent. Mais si vous savez bien, un mec qui se tape pleins de gonzesses est un don Juan, la femme qui s'assume sexuellement est une salope... Nous sommes tous les violeurs, est de loin la plus dérangeante mais aussi celle dont la chute m'a le plus marqué du recueil. Le viol comme arme de guerre, c'est pas nouveau mais peut être pas tel que vous pouviez vous l'imaginer. Le recueil se conclut par Point de Suture, qui comme le dit Thomas Day à la fin n'a sa place qu'à la suite des précédentes nouvelles. certes plus ordinaire, plus convenue, elle représente néanmoins l'histoire banale de la violence conjugale et ce point de Suture est un excellent point de rappel pour nous montrer que la violence commence souvent qu'à deux pas de chez nous.
Alors, je mentirais si je vous dit que j'ai passé un excellent moment de lecture, parce que ce n'est pas vrai, et ce n'est pas franchement l'intention du recueil. La violence y est crue, parce que la violence faite aux femmes, et cela partout dans le monde, passe très souvent par un asservissement sexuel combiné par des abaissements psychologique et des violences physiques Pour lire et comprendre ce recueil, il faut une vraie démarche, ne pas faire l'impasse sur la préface de Catherine Dufour, ni sur les explications de Thomas Day à la fin du recueil.
A l'heure où certaines mouillent leur culotte en lisant 50 nuances de Gr.., des femmes partout dans le monde se battent juste pour un consentement, un statut égal aux hommes, ou simplement leur liberté. Il serait bon de ne pas l'oublier. Alors si ce recueil vous intéresse juste pour la jouissance sexuelle que cela pourrait vous procurer, passez votre chemin, c'est pas la démarche. En même temps si vous voulez vous branler dessus, c'est votre affaire.
Pour résumer : Thomas Day offre ici cinq déclinaisons de la violence, une brillante pentalogie, qu'il serait dommage d'ignorer.
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J'ai lu deux nouvelles au sommaire de ce recueil. Deux gros coups de poing : "La ville féminicide" et "Nous sommes les violeurs".
RépondreSupprimerC'est ça Thomas Day : c'est brutal, ça ne prend pas de gants, mais c'est vraiment intéressant.
Et il a aussi une facette plus sensible, plus posée, qu'on voit dans l'excellent recueil "Sept secondes pour devenir un aigle".
Il a aussi écrit une très sympathique petite novella steampunk, "L'automate de Nuremberg" (dispo en folio 2€), ou un roman d'aventures mi steampunk mi-SF avec du Sherlock Holmes sous amphet, ça vaut le détour.
Non vraiment, il faut lire Thomas Day.
7 secondes est dan ma pàl avec du sel dans les paupières. Il me tarde de les sortir !
SupprimerJ'avoue que les steampunk m'attirent moins c'est un peu moins ma came, je m'y suis essayée, j'ai vite lâché. Après à 2 € je prends pas gros risque, à voir.
Un recueil qui met bien le poing dans la gueule en effet. J'ai aussi beaucoup aimé 7 secondes pour devenir un aigle. Par contre si tu n'aimes pas le steampunk, Du sel sous les paupières risque de ne pas passer. Enfin c'est presque du jeunesse, ça aidera peut être :)
RépondreSupprimerJe l'ignorais. Après j'avoue je suis curieuse du traitement de Saint Malo ;)
SupprimerJe n'ai pas (encore) lu ce recueil-là. Mais Thomas Day, c'est le bien, le très bien, même si ça n'est pas facile pour le cerveau.
RépondreSupprimerMerci pour cette critique, c'est un recueil qui m'a énormément marqué aussi : violent et dérangeant mais nécessaire. Les textes de Thomas Day sont d'ailleurs très souvent de cet acabit (sauf peut-être "Du sel sous les paupières", un peu plus "soft" que le reste de sa bibliographie). Si tu as aimé ce recueil "Sept secondes pour devenir un aigle" te plaira très certainement aussi :-)
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