Edition : Mirobole
Collection : Horizons pourpres
Traduit par Raphaëlle Pache
Date de publication : 14 mars 2013
prix papier GF : 19 €/ poche : 6.40 € / numérique : 11.99 €
210 pages (GF)
Maxime, 7 ans, vit avec sa sœur jumelle et leur mère à Moscou. Bientôt des transformations déconcertantes s’opèrent chez lui. En lisant le journal intime tenu par le petit garçon, on le voit devenir peu à peu la proie d’un hôte terrifiant, qui cherche à lui faire commettre l’innommable...Les autres récits du recueil font évoluer des personnages poignants dans une Russie contemporaine inquiétante. Ici, un employé de bureau développe des sentiments troubles pour une denrée moisissant au fond de son réfrigérateur. Là, un dresseur de chiens se réveille dans un train à côté d’une femme qu’il n’a jamais vue mais dit être son épouse, et qu’il devra apprendre à aimer.Je suis la Reine brouille les frontières entre réel et imaginaire et nous confronte à une représentation troublante de l’horreur quotidienne et de la schizophrénie ordinaire.Anna Starobinets (Анна Старобинец), journaliste et scénariste, vit à Moscou. Son tout premier ouvrage, Je suis la Reine (2005), sélectionné pour le Prix national du best-seller, l’a imposée comme la reine russe de l’horreur. Les mondes troublants qu’elle crée et la sobriété de sa plume la placent dans la lignée d’auteurs tels que Kafka, Stephen King ou encore Gogol. Elle est traduite en anglais, italien, espagnol, suédois, polonais et bulgare.
Après ma découverte d'Anna Starobinets par son roman Le vivant. Je me devais de découvrir les autres écrits de cette jeune auteure Russe. Et c'est donc sans surprise que je me suis dirigée sur le seul autre ouvrage traduit dans l'Hexagone et datant de 2013. Celui-ci fut d'ailleurs un des premiers ouvrages publiés (voir le premier) par la maison d'éditions Mirobole, à savoir le recueil de nouvelles :
Je suis la reine, et autres histoires inquiétantes
Ce court recueil se compose de six nouvelles :
Les règles
La famille
J'attends
Je suis la Reine
L'agent
L’Éternité selon Yacha
« Les règles » donne le ton du recueil. Et en fait une excellente entrée pour ce recueil. L'auteur nous fait suivre les pensées d'un petit garçon dont les règles de vie, de survies, lui sont dictées à travers une voix. Mêlant habilement le fantastique et la maladie psychologique, tel ici le trouble obsessionnel compulsif. Le lecteur se perd entre récits fantastiques ou les divagations d'un malade.
Ce procédé sera repris dans plusieurs nouvelles, et c'est bien ce qui met le lecteur mal à l'aise. Frôler une réalité psychologique qui nous dépasse, vivre intérieurement le quotidien de personnes dérangées...
La nouvelle éponyme, « Je suis la reine » offre un récit fragmenté en court chapitre où chacun de leur nom représente l'âge des jumeaux. Marina suite à un divorce emménage dans un nouveau quartier avec ses enfants Maxime et Vika. Suite à une otite, le comportement, la déchéance physique et psychologique de son fils vont lui échapper. Vika se détourne très vite de son frère jumeau devenu insociable et dont l'obésité l'écœure...
« Je Suis la Reine » est un texte terriblement déroutant qui fait appel autant à nos peurs enfantines que nos craintes sur les maladies mentales. N'oubliant pas de mettre l'accent sur la relation parentale faite entre l'enfant qui grandit face à son parent où on ne sait pas vraiment à quoi tient l'aveuglement de la mère, de son amour maternel ou d'une obligation routinière ? Un texte glaçant et horrifique.
La nouvelle « J'attends » m'a elle aussi particulièrement marquée. Elle peut tellement être interprétée de différente manière. Plusieurs parallèles sont possibles, même si j'y vois surtout un mal être face à la solitude. Je n'ai pu m’empêcher d'y voir un rapprochement avec ces sordides affaires de nourrissons congelés, dont il ressort souvent que ces femmes ne pouvaient se résoudre à s'en débarrasser et que cela les rassurait de les savoir à côté, là dans le congélateur.
Dans l'ensemble, le recueil pointe assez souvent la routine grisâtre du couple comme celle de la famille, des relations familiales et enfants/parents à travers le spectre de la folie. Comme dans « L'agent », « J'attends » ou « La famille ». Il ressort bien souvent après lecture un sentiment dérangeant, glaçant, comme quoi l'auteure parvient bien à faire passer son message.
J'ai donc passé un excellent moment de lecture avec ce recueil, qui m'a montré une autre facette de cette auteure. Et je dois bien dire que cette Moscovite a énormément de talent. Au sortir de ce recueil, là seule chose que je me suis dite c'est à quand la prochaine traduction d'une de ces œuvres.
Ça donne envie !
RépondreSupprimerMerci, et il est en poche à vraiment pas cher, autant ce faire un petit plaisir.
SupprimerIl est dispo en poche, je me laisserais bien tenter...
RépondreSupprimerSuccombe ça serait dommage de ne pas se laisser tenter.
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