Editions : Le bélial'
Traduit par Pierre-Paul Durastanti
Illustration de couverture : Aurélien Police
Date de publication : 2 avril 2015
Prix papier : 23 € prix numérique : 11.99 €
448 pages
« Elle plaque la feuille sur la table, face vierge exposée, et la plie. Intrigué, j’arrête de pleurer pour l’observer. Ma mère retourne le papier et le plie de nouveau, avant de le border, de le plisser, de le rouler et de le tordre jusqu’à ce qu’il disparaisse entre ses mains en coupe. Puis elle porte ce petit paquet à sa bouche et y souffle comme dans un ballon.“Kan, dit-elle. Laohu.” Elle pose les mains sur la table, puis elle les écarte.Un tigre se dresse là, gros comme deux poings réunis. Son pelage arbore le motif du papier, sucres d’orge rouges et sapins de Noël sur fond blanc.J’effleure ce qu’a créé Maman. Sa queue bat et il se jette, joueur, sur mon doigt… »
Ken Liu est né en 1976 à Lanzhou, en Chine, avant d’émigrer aux états-Unis à l’âge de onze ans. Titulaire d’un doctorat en droit (université de Harvard), programmeur, traducteur du chinois, il dynamite les littératures de genre américaines, science-fiction aussi bien que fantasy, depuis une dizaine d’années, collectionnant distinctions et prix littéraires, dont le Hugo, le Nebula et le World Fantasy pour la seule « Ménagerie de papier », ce qui demeure unique à ce jour. Le présent recueil, élaboré au sein d’un corpus considérable, et sans équivalant en langue anglaise, consacre l’éclosion du plus brillant des talents, protéiforme et singulier — l’avènement d’un phénomène.
J'aurais bien du mal a faire une chronique suffisamment pertinente de ce recueil. Ken Liu arrive à manier moult thèmes avec brio, Chaque récit offre un nouvel univers même si certaine se recoupe, chacune transpire la culture d'origine de l'auteur et celles dont il se sent imprégnées.
Ce qui m'a le plus frappé, c'est la manière dont celui-ci arrive à planter son décor qui souvent flirte avec les genres, pas fondamentalement SF, fantasy ou fantastique, un mélange qui fournit des nouvelles atypiques. Le travail sur les personnages est extraordinaire surtout compte tenu du format court. On se sent proche des personnages très rapidement et Ken Liu réussi très souvent l'exploit de conclure une nouvelle qui laissera l'impression au lecteur d'avoir lu un livre.
Evidemment, il y a des nouvelles qui m'ont plus parlé que d'autres. Une chose est certaine, c'est qu'il n'y a pas de mauvaise nouvelles dans ce recueil. Il y a des nouvelles qui savent venir vous chercher dans votre moi profond, qui viennet réveiller des souvenirs enfouis, ou qui font résonance avec ce que l'on est. Ça fait pas toujours du bien, ça nous émeu bien souvent, et on ne peut qu'applaudir cette sensibilité, ces émottions que l'auteur sait faire passer à son lecteur.
« L'individu unifié est une idée fausse de la philosophie humaine classique qui constitue la base de plusieurs vieilles coutumes rétrogrades. Une criminel n'est, par exemple, que l'occupant d'un corps qu'il partage avec d'autres. Un tueur peut être un bon père, mari, frère, fils ; il se révèle différent quand il donne le bain de sa petite fille, embrase sa femme, réconforte sa sœur et prend son de sa mère. Mais l'ancien système judiciaire humain punissait ces diverses personnes sans distinction : il les jugeait de conserve, les emprisonnait de conserve, allait jusqu'à les exécuter de conserve.» Extrait de la nouvelle renaissance.
Alors je ne vous ferais pas l'éloge de telle ou telle nouvelle, parce que je sais pertinemment que chaque lecteur vivra ce recueil différemment. Que chacun a son vécu et chacun à sa sensibilité propre. La ménagerie de papier, la nouvelle éponyme, est un magnifique récit, qui saura vous prendre aux tripes de bout en bout, celle-ci demande de reprendre son souffle après. Même si je n'ai, pour une fois, pas verser ma larme, le texte est d'une force incroyable et donne matière à réflexion. J'ai également énormément apprécié Mono no Aware, une nouvelle d'une très belle sensibilité, sur l'héritage culturel, le sens du sacrifice... Bien d'autres nouvelles encore mériteraient quelques phrases. Mais pourquoi user de trop de mots et prendre le risque de vous dénaturer les nouvelles de Ken Liu, je ne le veux pas. Alors je m’arrêterais là, si ce n'est que La ménagerie de papier est un recueil de nouvelles majeur à découvrir.
« Et ce sont souvent les plus avancés qui se tirent le plus mal de ces confrontations, parce qu'ils tendent à idéaliser leurs adversaires, de sorte que leur morale supérieure et leur sensibilité délicate font obstacle à leurs propres intérêts.» Extrait de la nouvelle La forme de la pensée.
La ménagerie de papier est donc un formidable recueil de nouvelles, le dernier en date m'ayant donné cette impression de tenir entre les mains l'œuvre d'un auteur majeur en devenir est La fille flûte de Paolo Bacigalupi. Ken Liu, ceux ci sont donc deux auteurs extrêmement brillant, à suivre et qui j'espère aura, pour Ken Liu, un avenir en Hexagone, pour ça il n'y pas trente six solutions, Lisez ce recueil !
lecture n° dans le cadre du challenge CRAAA |
Il est tout en haut de ma pal et je n'en lis que de bonnes critiques. Je sens que je vais me régaler :)
RépondreSupprimerC'est une certitude, j'ai rarement lu des retours négatifs
SupprimerDès que j'aurais un peu vidé ma PàL je vais m'y intéresser ^^
RépondreSupprimerAlors vide la vite ^^
SupprimerJe suis bien d'accord, malgré mes appréhensions, j'ai adoré ce recueil !
RépondreSupprimerOhhh une futur chronique CRAAA. Hâte de la lire.
SupprimerCe recueil est une belle claque. Et moi, des claques comme ça, j'aime qu'on m'en donne ! :D
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