vendredi 27 juin 2014

Lectures estivales & Challenges en cours

Comme l'année dernière, je vais lister les lectures de cette saison d'été et surtout essayer de m'y tenir, avant de vous dévoiler cette liste voici les challenges auxquels je participe et qui vont donc fortement influencer cette liste. 

Tout d'abord le SFFF au féminin, organisé par Tiger Lilly sur son blog Le Dragon Galactique et qui durera 1 an et qui se finira donc le 8 mars 2015, j'ai à ce jour quatre chroniques qui cadrent dedans :



Devrait venir s'y ajouter très prochainement : Un éclat de Givre de Estelle Faye ainsi que l'Opéra de Shaya, tous deux ont été lu et ne demandent qu'à être chroniqué. Sinon j'ai une page dédiée où je liste les lectures que je souhaite faire entrer dans ce challenge : ICI


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Ensuite le Challenge Rupestre Fiction de Vert sur son blog, ce challenge prendra fin le 31 août et j'avoue que je ne pense pas en lire plus, pas que je n'ai pas envie mais je doute avoir le temps, mais le roman de Râ fut une excellente découverte, qui a d'ailleurs fini dans la classe de mon fils  : 


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Le mythique SSWEII, à savoir le Summer Star Wars Episode II à retrouver chez Lhisbei sur le RSF Blog, le challenge Space-opera et Planet Opera de l'été !



Je suis fière d'avoir déjà une chronique à proposer :



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Un autre excellent challenge découvert il y a peu mais qui a déjà connu plusieurs éditions, j'ai nommé « le pavé » de l'été auquel j'ai mentionné ma participation ! Ça se passe ICI chez Brize et c'est juste qu'au 7 octobre 2014 ! 



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Et enfin, mon challenge maison, que je suis toute fière d'organiser : Le Morwenna's List, où vous trouverez tous les détails ICI



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Voici donc ma liste estivale de lectures :

  • La fille Flûte de Paolo Bacigalupi ( en cours de lecture)
  • Corpus Prophetae de Matt Verdier 
  • Goodbye Billy de Laurent Whale
  • Pixel Noir de Jeanne-A Debats ( SFFF au féminin )
  • L'oreille interne de Robert Silverberg ( Morwenna's List)
  • Un cantique pour Leibowitz de Walter M. Miller ( Morwenna's List)
  • Les enfants d'Icare de Arthur C. Clarkes ( SSWEII et Morwenna's list)
  • Des nouvelles de Ta-Shima de Adriana Lorusso ( SSWEII et SFFF au féminin)
  • Le Monde enfin de Jean-Pierre Andrevon ( Pavé de l'été)





lundi 23 juin 2014

Défi Âne VS Papillon #10





Et voilà déjà le dixième défi Âne Vs Papillon.

J'ai dû chercher longtemps pour trouver un livre qui figure dans la PAL de Lune et qui rentrerait dans le Morwenna's List, je voulais pas rentrer dans la facilité en prenant « Futur intérieur » de Christopher Priest, je me suis dis qu'elle miserais justement dessus, une autre fois peut-être.
Je me suis donc permise de prendre dans sa Pal pense bête ( cf Babelio), c'est donc en toute confiance que je lui propose ce court roman : 




Retrouver ICI ce que m'a choisi Lune 



  1. Lune a lu : Druide d'Oliver Peru / J'ai lu : Le Prophète et le Vizir d'Yves et Ada Rémy
  2. Lune a lu : Présumé Coupable d'Isabelle Guso / J'ai lu Le Rêve du Prunellier de Rozenn Illiano
  3. Lune n'a pas lu le clairvoyage / J'ai Lu Mémoria de Laurent Genefort en lecture de rattrapage
  4. Lune a lu Baroudeur de Jack Vance / J'ai lu Le passage de Justin Cronin 
  5. Lune a lu Anamnèse de Lady Star de L. L. Kloetzer / J'ai lu Barrière Mentale de Poul Anderson 
  6. Lune a lu Le dieu dans l'ombre de Robin Hobb/ J'ai lu Les Damnés de L'asphalte de Laurent Whale
  7. Lune a lu Johan Héliot vous présente ses hommages / J'ai essayé de lire Anno Dracula !
  8. Lune a lu Chroniques des Ombres de Pierre Bordage/ J'ai lu Le jour des fous de Edmund Cooper 
  9. Lune a lu Plaguers de Jeanne-A Debats/ J'ai lu Abzalon de Pierre Bordage 

dimanche 22 juin 2014

Abzalon de Pierre Bordage




Editions : L'atalante
Collection : La dentelle du cygne
Date de parution : 10/1998
512 pages
Prix GF : 22 €
prix poche : 8,20 €

Ester : un monde menacé par l'instabilité de son étoile. Sur le continent Nord, le gouvernement, pressé par l'Eglise du Moncle, décide l'annexion du Sud, où vivent les Kroptes, peuple pacifique, religieux et polygame. Une invasion brutale qui dissimule un autre projet : la recherche d'une nouvelle planète habitable.
Abzalon et Loello, incarcérés sans la sinistre prison de Doeq, se battent pour leur survie sous l'oeil des "mentalistes", les spécialistes du comportement. Ils ignorent qu'une épreuve plus terrible encore les attend. Celle-là même peut-être que devine dans ses visions Ellula, jeune Kropte rebelle mariée d'autorité : un interminable voyage à travers le néant.
Un jour, Abzalon fait une étrange rencontre dans les souterrains de Doeq. Serait-ce un Qval, un de ces êtres légendaires dont on dit qu'ils furent les premiers Estériens ?
Or un gigantesque chantier s'achève sur un satellite d'Ester : le projet "Estérion"...
Avec ABZALON, Pierre Bordage inaugure un nouveau cycle d'opéras de l'espace.
Aller, vous êtes concentré, on y va !

Une planète : Ester, colonisée il y a plusieurs siècles. Elle se divise en deux continents, le nord et le Sud. Conséquence d'un clivage entre les colons de départ.

Le continent nord est une région surpeuplée et sur-industrialisée où plusieurs religions se partagent le gâteau. La religion principale est l'Eglise Monclale. Vous y trouverez d'autre type de population comme notamment les mentalistes nourris aux nanotechs. A l'origine, ce continent Nord a été colonisé par des clones... Parmi ces habitants vous avez Abzalon qui est un prisonnier du Dœq, un centre pénitencier expérimental je n'en dirais pas plus sur cette prison. Abzalon est un criminel, il a une fâcheuse tendance à broyer la tête des demoiselles, c'est fâcheux, n'est-ce pas, d'autant qu'il n'en a pas zigouillé qu'une. Souffrant d'un physique très peu flatteur et cyclopéen, Abzalon impose le respect au Dœq. Il est accompagné par un fidèle ami, qui immanquablement est l'exact opposé d'Abzalon, beau, fin, et répondant au doux nom de Lœllo.
« Nous n'avons plus la rage d'aimer, d'espérer, de rêver. Nous ne sommes plus des humains mais des animaux doués de cruauté, des monstres qu'on a bouclés dans une cage pour les regarder s'entre-tuer. »
Sur le continent Sud, séparé du Nord par l'océan bouillant vivent les Kroptes, formant un somptueux mélange d'Amish et d'islam. Donc, une société patriarcale, où l'homme est polygame et la femme est au statut de ventre. C'est pas de leur faute, la démographie leur a presque imposé ce partage, il ne naît qu'un garçon pour cinq filles. D'où fatalement 5 épouses pour un seul homme, logique. Parmi les kroptes donc nous retrouvons Ellula,une très jeune fille destinée à être la cinquième épouse d'un vieillard. Ellula est bien entendu la beauté incarnée, en plus elle est intelligente, bref elle est parfaite.

Mais voilà, Ester se meure. Et il a été entrepris d'envoyer une arche titanesque sur un autre planète. Ce vaisseau-nef, c'est l'Esterion et peut contenir dix mille âmes. Les mentalistes ont eu l'idée de faire voyager cinq mille prisonniers du Dœq et cinq mille Kroptes, chacun de leur bord du vaisseau, dans l'idée qu'ils finiraient par se trouver et que la magie opérera. Il y a tout de même une donne non négligeable, le voyage lui va durer cent vingt ans.
 « Le recours aux engrais chimiques engendrera d'abord une surproduction, puis les terres perdront leur fertilité, les compagnies minières obtiendront des concessions et le Sud subira le même déclin écologique que le Nord. »
Voilà vous avez les grandes lignes …


Je n'aime pas trop cloisonner les romans dans des casses, mais s'il fallait décrire Abzalon, je dirais que c'est dans son introduction un Planet Opera qui tend par la suite sur un Space opera. Les premiers chapitres ont été pour moi quelque peu laborieux, je n'arrivais pas à me fondre dans l'intrigue. Les premiers chapitres sont court et les protagonistes nombreux et changent à chaque nouveaux chapitres, ça m'a un peu décontenancé, entre les moncles, les Kroptes, les deks, les mentalistes, les Qvals etc … j'avais de quoi me perdre, avec chacun des rôles bien définis. D'ailleurs j'ai eu la sensation de commencer le livre par un deuxième tome. A moins que je n'ai manqué cruellement de concentration au début de lecture ce qui n'est d'ailleurs pas improbable. Passé ce méli-mélo, le roman gagne en densité, on commence à comprendre le cheminement que l'auteur souhaite faire prendre à l'intrigue, peut-être un peu trop.
 « Ce phénomène en dit davantage sur la nature humaine que la plus savante des thèses : les foules craignent le monstre tant qu'il constitue une menace, elles le méprisent dès qu'il devient inoffensif. En d'autres termes, le monstre n'a pas d'autre choix que de régner par la terreur s'il veut être reconnu, considéré ...»
Le roman date de 1998, alors oui le scénario peut paraître quelque peu convenu aux vues des productions actuelles. On retrouve des thèmes qui sont visiblement chers à Pierre Bordage, avec des parallèles très explicites sur notre société. Entre la pollution, les clones, la religion et l'ingérence des technologies modernes, Bordage nous sert un beau panel qui est toutefois pas si mal exploité et qui finalement tend encore à raisonner actuellement. Le roman a 16 ans et n'a pris aucune ride, le lecteur ne s'y ennuiera pas, Bordage est un conteur hors-pair qui sait entraîner son lectorat même avec un scénario entendu et c'est sans aucun doute ici que réside toute la magie de ce livre. Je me dirigerais sans aucun doute sur le second tome, parce qu'il est finalement difficile de ne pas être poussé par la curiosité, j'ai envie de savoir comment cette nouvelle société va s'organiser en suivant les traces d'Orchéron.


          


Retrouver la chronique de Plaguers par Lune : ICI




samedi 21 juin 2014

Ours de Diego Vecchio


Editions : L'arbre Vengueur
Collection : Forêt Invisible 
Date de parution : 09/2013
Prix : 12 €
144 pages


Un nouveau fléau dévaste les familles : les gamins ne parviennent plus à s’endormir, transformant la vie de leurs parents éreintés en enfer. Heureusement il y a l’ours Doux Dodo, la peluche fantastique qui, parce qu’elle refuse de céder au sommeil, épuise les petits insomniaques acharnés.
Estrella Gutiérrez a réussi par miracle à en dégoter un et se réjouit d’une nuit enfin calme… Naïve et épuisée, elle mésestime cependant Otto, le nouveau compagnon nocturne de son fils, qui en a décidé autrement et s’apprête à faire vivre au garçon quelques heures très intenses…
Ne laissez pas traîner ce livre devant l’enfant qui sommeille en vous, il est rempli de comptines bizarres, d’histoires à dormir debout, d’animaux sauvages et bavards, de créatures étranges, et vous risqueriez y prendre, venu de fort loin, un certain plaisir.

Vladimir est un petit garçon insomniaque. Depuis la disparition de son doudou, il n'arrive plus à s'endormir. Sa mère Estrella, n'en peut plus de le veiller toutes les nuits. Alors un jour elle pousse les portes d'un magasin de jouets sans trop croire à une éventuelle réponse à sa requête. Pourtant la vendeuse lui affirme qu'une peluche révolutionnaire le Doux Dodo aide les enfants à s'endormir, pour faire simple l'ours en peluche fait subir la même chose aux enfants qu'aux parents, l'idée est donc de leur confier un ours lui même insomniaque et c'est là que la magie opère.

Permettez-moi  de vous expliquer. La grande erreur des méthodes traditionnelles pour faire dormir les enfants consiste à exercer une action directe sur leur comportement : en leur chantant une berceuse, en leur lisant une histoire ou, dans le pire des cas, en les obligeant à ingérer des somnifères. 

Je m'attendais à conte cynique, cruel. J'avais vraiment une tout autre attente de ce récit, trouver plus de cruauté envers les enfants, mais si vous savez ce qu'on se dit entre parents, mais si ne faites pas les innocents !! Vous savez ces petites phrases assassines que l'on sort sur ou à nos chers têtes blondes quand elles nous font sortir de nos gonds. Je m'attendais un peu à cette ordre là, cette ambiance cynique et noire. Et bien non, j'ai été un peu déçue, l'enfant n'est pas si malmené dans cette histoire. L'auteur reprend surtout le mythe de l'ours en peluche, la retravaille et élabore un conte qui part dans tous les sens comme nos enfants peuvent en raconter. Finalement, c'est un conte cruel pour des yeux de tous petits et les grands enfants que nous sommes devenus seront y trouver quelques que clin d'œil intéressant et amusant.

L'histoire dans sa narration a tout d'un conte, sauf que l'histoire part dans le rocambolesque, j'ai failli lâcher ce court roman où la magie n'a absolument pas opéré sur moi. Récit qui m'a paru bien trop traînant et tirant trop sur l'absurde. Bref, c'est une déception, je m'attendais retrouver un peu ce que j'avais trouvé dans B comme Bière, il n'en est rien. 


                                         


Malgré tout cette histoire m'a rappelé cette petite fille racontant une histoire invraisemblable filmé par sa mère et ayant fait le tour du Web :








mardi 17 juin 2014

Morwenna de Jo Walton


Editions : Denoël
Collection : Lunes d'encre
Date de parution : 10/04/2014
Prix : 21,50 €
352 pages 

Morwenna Phelps, qui préfère qu'on l'appelle Mori, est placée par son père dans l'école privée d'Arlinghurst, où elle se remet du terrible accident qui l'a laissée handicapée et l'a privée à jamais de sa sœur jumelle, Morganna. Là, Mori pourrait dépérir, mais elle découvre le pouvoir des livres de science-fiction. Delany, Zelazny, Le Guin et Silverberg peuplent ses journées, la passionnent. 
Un jour, elle reçoit par la poste une photo qui la bouleverse, où sa silhouette a été brûlée. Que peut faire une adolescente de seize ans quand son pire ennemi, potentiellement mortel, est une sorcière, sa propre mère qui plus est? Elle peut chercher dans les livres le courage de combattre. 
Ode à la différence, journal intime d'une adolescente qui parle aux fées, Morwenna est aussi une plongée inquiétante dans le folklore gallois. Ce roman touchant et bouleversant a été récompensé par les deux plus grands prix littéraires de la science-fiction : le prix Hugo et le prix Nebula. Il a en outre reçu le British Fantasy Award.

J'ai mis ci-dessus la 4ème de couverture, pourtant je dois dire que je ne la trouve pas forcement représentative du livre, mais cela dépend sans doute de notre implication de lecture. Morwenna, c'est quoi ou plutôt c'est qui ? C'est une jeune Galloise qui tente de se reconstruire après le décès tragique de sa jumelle dû à un accident qui l'a laissé elle-même handicapée, pour cela elle se noie littéralement dans les romans de science-fiction. Le roman est un hymne aux romans SFFF des années 70. Sous la forme d'un journal intime, Morwenna nous fait partager son regard sur elle, la société et surtout les romans SF.
« Ce qui m'a toujours plu dans la science-fiction, c'est qu'elle vous fait réfléchir et regarder les choses sous des angles auxquels vous n'auriez jamais penser. »

 Son quotidien est affûté par toutes ces lectures ingurgitées, son handicap lui donne du temps pour lire, ne pouvant participer aux cours d'éducations sportives. Morwenna peine à trouver sa place dans cette école « anglaise » d'Arlinghurst, elle n'arrive pas à s'intégrer ni à comprendre les codes qui constituent le quotidien de ce pensionnat. La bibliothèque de l'école ne la rassasie pas, celle-ci n'étant pas assez fournie en littérature SF, elle se dirige alors vers la bibliothèque municipale à laquelle elle se rend tous les samedis et où elle peut commander des livres dans d'autres bibliothèques ( le prêt entre bibliothèques ! ), jusqu'à ce qu'elle soit conviée à rejoindre un club de lecteurs SF, où elle va enfin trouver des interlocuteurs qui seront à même de la comprendre et de partager ses nombreuses lectures. Mais Morwenna doit également se battre contre la sorcellerie de sa mère, qu'elle a d'ailleurs tenté de fuir après le décès de sa sœur, c'est pourquoi elle se retrouve dans cette école privée, loin de son Pays de Galles natal, sous la tutelle de son père qu'elle n'a jamais connu et de ses tantes pour lesquelles elle nourrit une vive méfiance.

Je peux vous le dire dès maintenant, ce livre sera un roman culte pour moi. Je sais très bien qu'il résonne en moi peut-être plus qu'en d'autres lecteurs, probablement qu'une autre vie ne m'aurait pas fait autant aimer ce livre. Mais voilà, ce livre, je l'aime, pourtant il m'a beaucoup affecté, m'a infligé plus de tourments qu'aucun autre livre, mais il sonne tellement juste...
« Si elle avait vécu, nous serions devenues des personnes différentes. Je crois. Je ne crois pas que nous aurions été comme les tantes et que nous serions restées ensemble tout le temps. Je pense que nous aurions toujours été amies, mais nous aurions habité des lieux différents et nous aurions eu des amis différents. Nous aurions chacune été la tante des enfants de l’autre. Il est trop tard pour ça maintenant. Je vais grandir et pas elle. Elle est figée où elle est et je change, je veux changer. Je veux vivre. J’avais pensé que je devais vivre pour nous deux, parce qu’elle ne le pouvait pas, mais je ne peux pas vraiment vivre à sa place. Je ne peux pas savoir ce qu’elle aurait fait, de quoi elle aurait eu envie, comment elle aurait changé. Arlinghurst m’a changée, le club de lecture m’a changée, et cela aurait pu la changer différemment. Vivre à la place d’un autre n’est pas possible. »


Évidemment le fait que Morwenna soit une lectrice fanatique du genre SF contribue grandement à cet attachement viscéral que l'on peut avoir pour elle. Même si le livre se veut intimiste, forcément, c'est le journal de Morwenna, elle garde tout de même une certaine pudeur, elle ne s’épanche jamais du déchirement de la perte de sa sœur, on le ressent, par moment, sur certains paragraphes, et c'est surtout un énorme vide qui est ressenti par le lecteur. Ce vide, ce manque, ce fantôme à la périphérie de sa vie est absolument poignant et criant de vérité. La lecture de SF est pour Morwenna un point d'ancrage face à cet ouragan qui lui a fait perdre tous ces repères, la perte de sa sœur, l'arrachement à ses racines galloises. Ses lectures l'aident à se construire, à grandir et à aiguiser son sens critique, et lui permettent ainsi d'avoir un regard ouvert et tolérant sur la société, loin finalement des préoccupations des jeunes filles de son âge. Morwenna est une jeune fille très brillante, avec une pertinence dans ses réflexions faisant preuve d'une maturité bluffante.
Les nombreuses références aux ouvrages SF ne sont absolument pas rédhibitoires, cela aura je pense une portée différente selon le lectorat. Pour ma part, je n'ai lu que très peu d'ouvrages cités par Morwenna et à l'heure d'aujourd'hui cette lecture m'a donné envie de découvrir toutes ces œuvres citées, pour le lecteur assidu de SF ayant lu nombre des références citées, je crois que ce roman résonnera comme un véritable hymne à ce genre, le lecteur s'y sentira compris, il s'y identifiera à coup sûr.


Morwenna est un énorme coup de cœur, dont le livre ne demande qu'à être partagé. Merci à Jo Walton, qui signe ici un sublime roman. Tout en faisant l'apologie de la littérature science-fictive, l'auteure a su également asseoir son roman sur une très belle intrigue.



Les avis de LuneLorhkan, Gromovar, Efelle, Kissi, Antoine, Tigger Lilly, Lhisbei, Blackwolf


CITRIQ

mercredi 4 juin 2014

Je suis ton ombre de Morgane Caussarieu

Edition : Mnémos
Collection : Dédales
Date de parution : 06/2014
Prix Papier : 20 €
282 pages

Le Temple, petit village du Sud-Ouest, ses plages, ses blockhaus, son unique bistro, son école où la violence est le seul remède à l’ennui.
Poil de Carotte y vit seul avec son père handicapé. Gamin perturbé aux penchants sadiques et souffre-douleur de ses camarades de classe, sa vie bascule lorsqu’il se rend dans une ferme calcinée en lisière de forêt.
Des fantômes y rôdent, paraît-il.
Mais en lieu et place de revenants, il découvre un étrange manuscrit rédigé par des jumeaux, il y a trois cents ans. Leur vie sauvage et heureuse à La Nouvelle-Orléans tourne au cauchemar lorsqu’un sulfureux marquis les prend à son service.
Plus Poil de Carotte avance dans sa lecture, plus des événements étranges surviennent : un chat noir qui parle, une voix qui lui chuchote la nuit à l’oreille, un enfant au teint trop pâle et aux lèvres trop rouges… Et s’il avait réveillé des forces aussi malsaines qu’attirantes ?

Depuis la sortie de son roman en 2012 de « Dans les veines », on ne tarit pas d’éloges sur la plume incisive de Morgane Caussarieu. J'ai trop hésité à succomber  sur son précédent roman et le rendez-vous ne s'est alors pas produit. Et une nouvelle fois, je lis à droite, à gauche des louanges sur son essai « Vampires & Bayous », Bayous … ça commence à fortement m'intriguer, j'ai une attirance magnétique pour la Louisiane que je suis bien incapable d'expliquer. Et là son dernier roman « Je suis ton ombre », mêlant le présent à  Le Temple, petit bled perdu d’Aquitaine et le passé dans les Bayous ne font qu'accroître encore plus ma curiosité. Pourtant je ne suis pas non plus une référence en terme de vampires, mais je pense m'être régalée juste avec ce qu'il fallait, sans jamais être tombée dans la nouvelle mouvance, romantico-vampirique, laquelle me donne immanquablement envie de me mettre les doigts profondément dans le gosier. Morgane Caussarieu, nous parle de vampires, j'ai presque envie de dire des vrais, pas des ersatz mièvres et sans saveur qui polluent cette nouvelle littérature de midinette. Après si chacun y trouve sans compte, qui suis-je pour en juger ?

« Je suis ton ombre » est l'histoire d'un jeune adolescent, Poil-de-Carotte, inutile de préciser les origines d'un tel sobriquet. On comprend vite que ce jeune garçon n'a pas une enfance des plus épanouies, en échec scolaire, souffre douleur, maigrelet et vivant dans une certaine misère sociale et rurale. Au fil du roman on en apprend plus sur le drame familial qui s'est joué. Son père infirme, défiguré ne peut plus gérer seul son quotidien, c'est donc au gamin qu'incombent les nombreuses corvées d'une ferme en partie rénovée. Alors qu'il rentre un soir après l'école, il se fait défier par un chat noir qui lui parle.
« Mais c'est le chat noir.
L'est revenu. Je ne l'ai pas vu depuis la fameuse soirée.
Je balance ma hache dans sa direction. La lame s'abat à quelques mètres de lui, rebondit contre un débris de métal rouillé qui sort du sol. Chié, j'ai mal visé. Il me nargue avec ces saloperies de pupilles fendues.
- Suis moi dans la forêt, qu'il me dit.
Je fais comme si je l'ai pas entendu. Les chats, ça cause pas, d'abord. Sauf celui-cà, il doit pas être au courant, parce qu'il continue :
- Tu as la frousse ou quoi ? Un grand garçon comme toi, ça n'a plus l'âge de croire au fantôme, si ?
- Les matous, ça cause pas . J'ai au moins l'âge de savoir ça. »
Il chevauche sa ponette pourtant pleine, et arrive aux abords d'une vieille bâtisse calcinée, il rentre à l'intérieur, l'arpente dans l'espoir de retrouver ce satané félin et se retrouve dans la cave, où il est pris de peur par un squelette pendu par les pieds, percute un coffre, s'enfonce une grosse écharde dans le genou, ramasse un carnet dans le coffre, voit un fantôme ?! Des ombres ?! Massacre un rat au passage … Rentre chez lui en laissant sa ponette sur place... Arrive enfin chez lui tétanisé, curieux ouvre le carnet, lit la première ligne « Si tu lis ces lignes, prie que je sois déjà mort, sinon, c'est toi qui mourra... ». Puis jette le carnet sous l'armoire se réfugie sous son oreiller et rêve de Paul... Finalement, il ne résistera pas longtemps avant de rouvrir ce carnet et être totalement fasciné par son contenu.

Sous une plume des plus efficaces, on est emporté par « Je suis ton ombre », entre récit oppressant, étouffant et sadisme écœurant, le roman nous entraîne avec facilité autant dans l'aquitaine qui se voit dépeindre au travers de Le Temple, petit bourgade, en un présent rural quelque peu dévasté par de nombreux problèmes sociaux : chômage, alcoolisme, violence, discriminations en tout genre. Que dans une Louisiane, emprise dans ce vaste commerce triangulaire détestable qu'il est encore difficile d'imaginer pour des contemporains...
Morgane n'a pas froid aux yeux et ose, elle aurait tort de faire de l'auto-censure, le vampire n'est pas un être angélique et bienveillant pour la bonne et simple raison qu'il a été nourri par l'avilissement des hommes, et que l'homme est sans aucun doute l'être le plus inventif en terme de torture, le plus abject alors comment peut-on reprocher aux vampires de décupler les vices dont ils ont été abreuvés...
Pour lire et apprécier « Je suis ton ombre », nul besoin de connaître le mythe du vampire, il faut juste garder le cœur bien accroché, les yeux bien ouverts et connaître le goût du sang...



« Oui je suis un monstre. Je ne l'ai jamais caché. Mais on m'a fait ainsi. Je n'ai rien demandé. Tu l'as lu. Au départ j'étais un petit garçon gentil et normal. Tout comme toi avant l'accident. Mais les adultes ont assombri mon âme. M'ont montré ce qu'était la cruauté.»


Les avis de Lune, Acr0Andéa, Gromovar, Xapur ...

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