samedi 12 avril 2014

Qui a peur de la mort ? de Nnedi Okorafor


Afrique, après l’apocalypse.

Le monde a changé de bien des façons, mais il est une région où les génocides intertribaux continuent d’ensanglanter la terre. Une femme survit à l’anéantissement de son village et au viol commis par un général ennemi.
Elle erre dans le désert dans l’espoir d’y mourir, mais donne naissance à une petite fille dont la peau et les cheveux ont la couleur du sable. Persuadée que son enfant est différente, extraordinaire, elle la nomme « Onyesonwu », ce qui signifie, dans une langue ancienne : « Qui a peur de la mort ? »
À mesure qu’Onye grandit, elle comprend peu à peu qu’elle porte les stigmates physiques et sociaux de sa violente conception.
Des pouvoirs magiques aussi insolites que remarquables commencent à se manifester chez elle alors qu’elle est encore enfant. Sa destinée mystique et sa nature rebelle la poussent à quitter son foyer pour se lancer dans un voyage qui la forcera à affronter sa nature, la tradition, l’histoire, l’amour, les mystères spirituels de sa culture, et à apprendre enfin pourquoi elle a reçu le nom qu’elle porte.




Onyesonwu, voilà le nom de l'héroïne de ce roman hors norme. Onye nous raconte son histoire, ses origines dans une Afrique dévastée par un cataclysme. Malheureusement, ce bouleversement n'a pas emporté avec lui les conflits qui animaient certaines tribus. Onye est née de cette guerre, née de la violence, née d'un viol, cette ignoble arme de guerre. Onye est née métisse, qui pour nous reste un mot charmant souvent synonyme de symbiose de culture et de beauté, mais pour Onye rien que sa vue est une agression, elle incarne cette violence entre Nuru et Okeke, ces enfants issus de ce métissage qui sont appelé Ewu. Elle porte les stigmates de ce mélange infâme. Pour la tribu des Okekes dont sa mère est native, Onye renvoie une image de violence, révèle ces conditions de conception et enfin pour cette ethnie, les enfants du viol renferment forcement des êtres violents et maléfiques. Rien de bon ne peut donc venir des Nurus, tribu violente et asservissante. 

« Selon ma mère, tout était écrit d'avance. Pour elle, tout avait une raison, depuis les massacres de l'Ouest jusqu'à l'amour  qu'elle trouva à l'Est. Mais l'esprit qui dirige tout cela, que j'appelle Destin, est froid et impitoyable. Si glacialement logique que s'incliner devant lui n'a rien de glorieux. Le destin est immuable, comme un fragile cristal dans le noir. Pourtant, quand il m'a apporté Mwita, je me suis incliné devant lui et l'ai remercié. »
Onyesonwu grandit à Jwarhir, village okeke, où sa mère a fini par s'installer après une longue retraite dans le désert. Sa mère a finalement réussi à refaire sa vie et épousé un okeke, qui les a accepté toutes les deux en dépit de tous les on-dits. Onye grandit et sent en elle un pouvoir qu'elle aimerait mieux maîtriser, là encore elle va devoir se montrer d'une ténacité hors-pair pour qu'enfin on lui enseigne, à elle cette Ewu et femme qui plus est. Confronté à des codes et des traditions qu'elles ne connaît pas et qu'elle refuse d'approuver, elle se heurte très souvent à un certain mutisme dont elle ne saisit pas toujours la portée. Onyesonwu, elle veut venger sa mère et retrouver son père biologique qui se trouve être une menace pour elle. Elle a une vision très manichéenne des Okekes et des Nurus que Mwita, son compagnon, enfant Ewu également va lui apprendre à nuancer. 

Le livre m'a fait vivre des moments très forts, viols, excisions, femmes bafoués par les traditions. Le coté mystique qui rappelle plus la fantasy du livre, m'a quelque peu échappé mais finalement je crois que cette magie, ce coté sorcellerie est une part du livre nécessaire, essentielle même dans cette histoire qui nous plonge dans la culture de Onyesonwu. Un livre à découvrir au travers la très forte personnalité d'Onyesonwu mais qui n'occulte pas, au contraire, les personnages secondaires. 

         






Lecture commune avec : Tigger Lilly, Julien et Euphémia.

A lire également, les avis de Gromovar, Efelle et Lorhkan.


4 commentaires:

  1. Un des coups de cœur de 2013, assurément. :-)

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  2. Oui, celui-là aussi est sur ma wishlist !

    A.C.

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  3. Très bon roman, assez classique dans la forme, mais le fond est truffé de problématiques actuelles qui ne sont absolument pas édulcorées.

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  4. Un livre dur mai don je ressors avec un avis mitgé : http://naufragesvolontaires.blogspot.be/2014/04/qui-peur-de-la-mort-nnedi-okorafor.html

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