Editions : Juillard puis Pocket
Date de première parution : 7/05/2009
prix papier GF : 17,50 € / poche : 5,30 €
114 pages
Nul n'est à l'abri de l'abominable. Nous sommes tous capables du pire ! Le mardi 16 août 1870, Alain de Monéys, jeune périgourdin, sort du domicile de ses parents pour se rendre à la foire de Hautefaye, le village voisin. C'est un jeune homme plaisant, aimable et intelligent. Il compte acheter une génisse pour une voisine indigente et trouver un couvreur pour réparer le toit de la grange d'un voisin sans ressources. Il veut également profiter de l'occasion pour promouvoir son projet d'assainissement des marais de la région.Il arrive à quatorze heures à l'entrée de la foire. Deux heures plus tard, la foule devenue folle l'aura lynché, torturé, brûlé vif et même mangé. Comment une telle horreur est-elle possible ? Comment une population paisible (certes angoissée par la guerre contre l'Allemagne et sous la menace d'une sécheresse exceptionnelle) peut-elle être saisie en quelques minutes par une telle frénésie barbare ? Au prétexte d'une phrase mal comprise et d'une accusation d'espionnage totalement infondée, six cents personnes tout à fait ordinaires vont pendant deux heures se livrer aux pires atrocités. Rares sont celles qui tenteront de s'interposer. Le curé et quelques amis du jeune homme s'efforceront d'arracher la malheureuse victime des mains de ces furieux et seule Anna, une jeune fille amoureuse, risquera sa vie pour le sauver.Incapable de condamner six cents personnes d'un coup, la justice ne poursuivra qu'une vingtaine de meneurs. Quatre seront condamnés à mort, les autres seront envoyés aux travaux forcés. Au lendemain de ce crime abominable, les participants hébétés n'auront qu'une seule réponse : " Je ne sais pas ce qui m'a pris. "
Que dire de plus que les nombreuses chroniques qui ont déjà traité ce livre. Ce roman m'a été fortement conseillé après ma lecture de L'enfer clos de Claude Ecken, par mon père d'abord puis par Gromovar. En effet, ces deux romans ont en commun le fait de romancer deux fait divers des plus abominables. L'un celui traité par Ecken est resté plus intime, l’histoire se passe en huis clos, l'affaire en elle même ne concerne qu'une famille.
Le coté horrifique de ce fait divers conté par Teulé tient du fait que c'est un phénomène de groupe qui a jeté l'opprobre pas uniquement sur une ou plusieurs familles mais sur un village entier, encore qualifié de maudit. Et bien que les faits date de 1870, les familles, elles, sont encore là à vivre avec ce que leurs ascendants ont pu commettre. Même si la dernière témoin du meurtre est morte en 1953, un tel acte collectif de cannibalisme, ne peut que marquer durablement une si petite commune, même quelques 140 ans après.
Alors, oui le sujet traité est intéressant et la mécanique de groupe est aussi horrifiante qu'instructive. La foule, cet animal décérébré, qui offre encore récemment son lot de victime. Mais Jean Teulé marque le trait, rajoute de l'horreur là ou il n'y en avait sans doute assez, fait durer le plaisir de la torture, rajoute une scène de sexe improbable et une fin bien que vrai trop romancé, histoire de rajouter du drame au drame.
Alors Jean Teulé ne cache pas ses sources et je crois qu'il est aussi bon de rappeler qu'avant Mangez le si vous voulez, un livre sorti alors 1982, Hautefaye, l'année terrible de Georges Marbeck avait déjà raconté cette histoire en apportant un soin particulier et plus approfondi du contexte économique et sociale de l'époque. Comme le dit si Bien Georges Marbeck, « Un brave homme torturé et brûlé par de braves gens ! Tel est bien le visage singulier qu’offre le crime de Hautefaye. »
Si vous souhaitez un récit court et horrifique tournée vous vers Teulé, pour ma part je vais tenter de dénicher le roman de Marbeck dont Teulé c'est inspiré.
Pour aller plus loin : entretien de Georges Marbeck
L'avis de Gromovar
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
déposez votre ânerie