lundi 27 octobre 2014

Notre île sombre de Christopher Priest


Editions : Denoël
Collection : Lunes d'encre
Titre originale : Fugue for a Darkening Island
Traduit par Michelle Charrier
Illustration : Aurélien Police
Date de publication : 13/05/2014
Prix papier : 17,50 € 
202 pages

«Je suis sale. J’ai les cheveux desséchés, pleins de sel, des démangeaisons au cuir chevelu. J’ai les yeux bleus. Je suis grand. Je porte les vêtements que je portais il y a six mois et je pue. J’ai perdu mes lunettes et appris à vivre sans. Je ne fume pas, sauf si j’ai des cigarettes sous la main. Je me saoule une fois par mois, quelque chose comme ça. La dernière fois que j’ai vu ma femme, je l’ai envoyée au diable mais j’ai fini par le regretter. J’adore ma fille, Sally.
Je m’appelle Alan Whitman… Et je survis dans une Angleterre en ruine, envahie par des populations africaines obligées de fuir leur continent devenu inhabitable.»
Notre île sombre est la version révisée du Rat blanc, une œuvre «de jeunesse» datant de 1971. Se situant dans la droite ligne des romans catastrophe de J.G. Ballard et John Wyndham, Christopher Priest y dresse le portrait ironique d’une ancienne puissance coloniale colonisée à son tour. Plus de quarante après sa première édition,Notre île sombre n’a rien perdu de son pouvoir de fascination. Sa critique de l’arrogance des pays du Nord vis-à-vis de ceux du Sud est plus que jamais d’actualité.
Notre île sombre est mon premier roman de Christopher Priest. Une découverte donc et je commence avec ce livre de jeunesse de l'auteur paru initialement en 1971 dans sa version originale et en 1976 en France sous le titre Le Rat Blanc. L'auteur a voulu reprendre cette œuvre afin de gommer des erreurs de jeunesse et de donner plus de profondeur à ces protagonistes. Il est à signaler également que ce livre est révisé par l'auteur et non modernisé. L'époque reste la même avec toujours l'empreinte de la politique britannique des années 70, dont l'auteur, en avant-propos, nous explique succinctement le contexte gouvernemental et social marquant très nettement le récit à venir.

Alors que l'Angleterre connaît un tournant majeur, aux proies à une invasion massive d'immigrants ne pouvant plus vivre dans leur pays d'origine, Christopher Priest développe son intrigue à travers Alan Whitman. Ce protagoniste principal peut dans un premier temps paraître antipathique. On vit avec lui les tourments de cette Grande-Bretagne sans tout d'abord éprouver la moindre sympathie. Il est assez froid et vit les premiers événements de façon très détaché, avec un sang froid assez surprenant, là où sa femme tend plus facilement à la panique. Néanmoins, c'est un personnage intelligent, qui essaye malgré les difficultés que traversent son pays de rester fidèle à ces convictions et de ne pas sombrer dans une xénophobie primaire face à l'invasion africaine. Il chercher à comprendre, à s'expliquer le cheminement de la ruine de son pays. Évidemment une lecture antérieur du rat blanc m'aurait permis de mettre un peu plus en relief les bénéfices de cette révision. Toutefois on peut constater que ce qui motivait cette ré-écriture de la part de Priest était de s'absoudre de n'importe quels partis pris, de ce point de vue, c'est une réussite.

Première page du récit.
Le roman se lit d'une traite, sans pour autant être aisé, l'aspect politique est en effet développé et peut s’avérer vite obscur si on n'y prête pas une certaine attention. On suit l'évolution du personnage de son adolescence jusqu'à son présent, cette triple lecture du personnage, enfant / jeune adulte / adulte peut dans un premier temps sembler un frein à la lecture, mais on s'y adapte vite et cela permet de mieux appréhender le personnage d'Alan Withman ainsi que son évolution durant les événements que vont traverser les britanniques. Finalement quand Alan Whitman se retrouve confronté à la solitude, à la survie, séparé de sa fille et de sa femme, dont la rupture lui paraissait inéluctable dans des temps normaux, va se montrer alors plus sensible, plus attachant. 

Les deux forces de ce récit sont sans contexte le développement psychologique de son personnage principal, où Priest arrive à nous faire apprécier Alan Whitman autant par ses qualités que par ses défauts. Ainsi que son intrigue de type roman catastrophe avec une dimension politique fiction assez fine qui prouve que ce roman de jeunesse n’a rien à envier à ses pairs.


ma note : 


A l'occasion de ces 15 ans, Lunes d'encres propose à 15 blogs de participer à un challenge, le but étant simple :
Lire un livre Lunes d'encre disponible et dont l'auteur n'a pas encore été traité par le blog durant le seul mois d'octobre 2014.


2 commentaires:

  1. Je n'ai lu que le Prestige de cet auteur mais j'avais beaucoup aimé son style. L'intrigue de ce livre me plaît plutôt bien, j'avais déjà lu d'autres choses sur un peu le même thème (racisme / colonisation "inversée") et je pense que je le lirais s'il me tombe sous la main. :)
    Qu'est-ce que le "15 ans, 15 blogs" affiché sur l'image en bas ?

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    Réponses
    1. C'est vrai que je n'ai pas expliqué ce logo, je vais éditer ça sera quand même plus clair !

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