Editions : Denoël Lunes d'encre
Date de parution : 08/01/2015
Illustration de couverture : Aurélien Police
Prix papier : 18 €
182 pages
Dans son repaire situé quelque part à l’est de l’arc alpin, Robert Poinsot écrit. Il raconte la crise systémique dont il a été témoin : d’abord le salaire qui n’arrive pas, les gens qui retirent leurs économies, qui s’organisent pour trouver de quoi manger, puis qui doivent fuir la violence des grandes villes et éviter les pilleurs sur les principaux axes routiers.Robert se souvient de sa fuite à Beauvais, de son séjour dans une communauté humaniste des bords de la mer Baltique et des événements qui l’ont ramené plus au sud, dans les Alpes.Quelque part dans le récit de sa difficile survie se trouve peut-être la solution au paradoxe de Fermi, à cette célèbre énigme scientifique : dans un univers aussi vaste que le nôtre, l’espèce humaine ne peut pas être la seule douée d’intelligence ; alors où sont les autres, où sont les traces radio de leur existence?
Robert Poinsoit survit, il survit à l’effondrement de la civilisation. Et par son sens de l'analyse, nous démontre comment par un simple crack, qui au jour de celui-ci n'apparaissait alors comme une énième crise financière qu'une société moderne a à traverser. Par le biais de mécanismes simples et bien apportés, la narrateur choisi donc de coucher sur papier comment la chute de sa civilisation est arrivée. Et cela va au-delà du paradoxe de Fermi ( cf video de Hubert Reeves), même si celui ci est extrêmement bien expliqué, débattu dans le livre, le roman apporte d'autres aspects économiques, mais surtout sociétaux. Finalement, Robert Poinsot nous explique simplement, de façon concise comment un crack, des paroles mal-venues, mal interprétées peuvent conduire à la fin, à un monde post-civilisation. Comment d'une crise financière, l’effondrement écologique survient, comment l'annihilation de l’espèce humaine arrive, prend fin petit feu par petit feu, et finalement pas si lentement que ça à notre échelle.
L'auteur met ici en évidence un développement post-civilisation, je n'arrive pas à employer le terme post-apocalyptique, à tord sans doute mais chez moi le post apocalyptique est la conséquence d'un événement marquant, effroyable. Ici l'auteur montre que finalement, on ne l'a peut être pas encore repéré, mais notre grain de sable, celui qui va tout faire chavirer est peut être déjà en train de faire des petits. Donc ce post-civilisation finalement repose quasiment sur un non-événement, la petit goutte d'eau improbable qui fera déborder une civilisation qui souffre déjà au bord de sa faille. Une goutte d'eau comme il en existe des centaines dans notre monde moderne voyeuriste et sur-médiatisé. Et ce non-événement ne fait que marquer plus surement l'équilibre précaire, si équilibre il y a, de notre société actuelle.
Finalement un récit assez commun, sous forme de mémoire, qui tant à faire penser dans sa narration à Notre île sombre de Christopher Priest, toutefois moins romancé, accentuant plus l'analyse, mais qui a ce petit point plus frappant, c'est qu'il se passe de nos jours, vraiment à la porte de notre lendemain, et cela rend ce roman crispant tant il nous parait probable, et tout ce qui est probable est forcement déjà arrivé ou peut arriver rendant ce futur trop proche, trop réaliste, trop réalisable, trop concevable. Même, l'approche de la vie extra-terrestre est d'une vraisemblabilité écrasante.
Il en ressort, un récit avec un ton prophétique, avec des analyses narrées de façon simple, c'est d'ailleurs ce qui fait la force du récit par la voix d'un homme certes cultivé oui, mais aussi quelconque que les anonymes que nous sommes. Un roman fort qui fait mal à notre futur.
Chapeau pour la critique, ça donne envie comme trop souvent chez Lunes d'Encre ;)
RépondreSupprimerEt bien merci, je me posais justement la question de ce quelle valait ^^
SupprimerSi ça donne envie c'est que je m'en sors pas si mal ;)