Editions : Dystopia
Anthologiste et traductrice : Nathalie Serval
Illustration de couverture : Stéphane Perger
Date de parution : 04/2014
Prix papier : 15 €
368 pages
Sommaire
- Préface de Nathalie SERVAL
- Un nid d'insectes (Bug House)
- Sans regrets (No Regrets)
- En pièces détachées (Bits and Pieces)
- La tombe de Jamie (Jamie's grave)
- Lézard du désir (Lizard Lust)
- Vol pour Byzance (Flying to Byzantium)
- L'autre chambre (The Other Room)
Chroniquer ce recueil est pour moi un défi. J'avais lu et grandement apprécié Ainsi naissent les fantômes le précédent recueil de l'auteure paru chez Dystopia, mais je ne l'avais pas chroniqué, parce que ça s'était révélé trop compliqué. Et je sais que la rédaction de ce billet risque d'être compliquée, je m'excuse d'avance pour son aspect brouillon.
Déjà pour contextualiser, et par la même occasion rendre hommage à une autre grande dame de la nouvelle. En 2013, j'ai lu le recueil Mémoire d'une aveugle d'Anne Duguël ... En lisant ce recueil , j'ai été interpellé par certaines nouvelles qui sans vraiment m'en souvenir faisait naître un spectre, une réminiscence. Et grâce à ce superbe outil qu'est Noosfere, j'ai réussi à recouper mes lectures d'ado n'ayant pas pu garder les livres à cette époque, n'ayant plus que le visuel des couvertures en tête, d'où l'importance d'une couverture et j'avais effectivement Lu le chien qui rit.
J'ai eu le même effet avec Lisa Tuttle, quand le recueil Ainsi naissent les fantômes a paru, le nom de cette auteure ne m'était pas inconnu. De fait, toujours avec Noosfere, me remémorant mes lectures des anthologies des territoires de l'inquiétude 8 et 9. Je m'apercevais que Lisa Tuttle ne m'était effectivement pas inconnue. Et de fait, j'avais également lu d'elle, Gabriel et enfin, celui qui se recoupe avec Les chambres inquiètes, Sur les ailes du cauchemar, reste l'impression d'avoir également lu son recueil le nid, ayant la quasi-certitude d'avoir déjà rencontré les nouvelles Propriété commune et Une amie en détresse.
Je n'arriverais pas à faire une chronique nouvelle par nouvelle. Je vais donner plutôt mes impressions de ce qui ressort des textes d'autant plus que trentenaire et parents, mes points de vue et affinités sont différents. Parce qu'il est évident que la plupart des nouvelles de Tuttle abordent des thèmes qui parleront plus à des adultes, voir peut être à des femmes et certaines à des mères et ne soyons pas sexiste à des parents tout simplement comme dans la nouvelle Propriété commune. Nouvelle glaçante, dérangeante, qui soulève bien des réalités dans les relations de couple et de parents.
Le titre Les chambres inquiètes comme la couverture de Stéphane Perger synthétisent à la perfection l'ambiance que les lecteurs trouveront dans les différents textes. L'habitat, le foyer deviennent des personnages clés où l'auteure excelle dans la mise en place de ses décors. Le foyer tient un rôle particulier selon les nouvelles, lien de confort ou de privation, de protection ou de violences, nul ne sait jamais ce qui se passe derrière les murs d’autrui.
Les nouvelles de Tuttle offrent souvent des décors en huit clos oppressants, avec assez peu de personnages et une dominante de personnages centraux féminins. Comme dans L'autre mère, où l'auteure nous raconte la vie d'une mère célibataire avec des deux enfants, les sacrifices qu'elle ressent face à sa progéniture, l'amour qu'elle leur porte, mais avec cette limite qui l’oppresse de n'être plus qu'une mère...
Tuttle offre des textes avec des thèmes dérangeants parce qu'ils nous poussent à prendre du recul sur notre propre situation, à se questionner sur nos propres choix et la vie que l'on mène, en tant que parents, femmes, etc... Vous l'aurez compris, une dominante pour des portraits de femmes, souvent tourmentées par leurs choix, des questionnements, leurs places dans leur foyer.
Apparitions fantomatiques, choix drastiques, fuite vers l'avant, renonciation. Il n'y a pas de mauvaises nouvelles chez Tuttle. Il y juste des nouvelles qui vous atteignent plus que d'autre et ces affinités se forment selon la situation et le vécu de chacun. La nouvelle Sans regret, m'a rappelé le roman l'échange de Alan Brennert. La nouvelle de Tuttle frôle l'uchronie personnelle sans vraiment la développer. Mais appuie sur un choix et ses conséquences. D'autres nouvelles sont plus ouvertement fantastiques, comme la première Le nid d'insectes qui encore une fois se joue de nos peurs et nos craintes. La tombe de Jamie dans son ambiance et sa thématique m'a rappelé le film Mr Babadook, conte horrifique, oppressant au possible, qui joue sur les liens fusionnels, d'un parent avec son enfant. Il y a évidemment quelques nouvelles pour lesquelles je n'ai pas plus accroché que ça comme Les mains de Mr. Elphinstone sans doute le changement d'époque et le personnage qui me laissait de marbre malgré ce qu'il lui arrive, comme Le lézard du désir qui m'a quelque peu ennuyée. Mon coup de cœur va pour Une amie en détresse, qui est vraiment magnifique, de mon point de vue, abordant le thème de l'enfance, de l'enfance maltraitée, des relations parents/enfants, de l'amitié à travers l'espace et le temps, de nos amis imaginaires, une nouvelle splendide, qui fait autant de mal que de bien...
Vous l'aurez compris, j'ai passé un moment de lecture enrichissant, où encore une fois Lisa Tuttle montre à travers ce recueil que son talent de nouvelliste n'est plus à prouver. Je remercie les éditions Dystopia pour cette (re)découverte de Lisa Tuttle ainsi que Nathalie Serval pour le choix des textes. Un recueil de nouvelles à découvrir de toute urgence.
Ce livre a été lu dans le cadre de Ânes Vs Papillon, Lune a quant à elle lu Hystérésis de Loïc Le Borgne
je l'avais trouvé un peu en dessous d'Ainsi naissent, mais il faut dire que celui ci contient plus de textes ! La Plaie est certainement la nouvelle qui me reste le plus en tête. Contente que cela t'ait plu en tout cas !!!
RépondreSupprimerMoi aussi j'avais lu quelques textes de ce recueil à droite à gauche (notamment Le nid et L'amie en détresse), du coup j'ai surtout retenu de cette lecture "En pièces détachées", qui devrait être affreusement glauque et qui est plutôt drôle au final ^^.
RépondreSupprimerCela m'est difficile de chroniquer nouvelle par nouvelle moi aussi ; donc je comprends tout à fait. Non seulement elle aborde des thèmes peu évidents, mais en plus, elle a une plume exquise : en quelques mots, elle arrive à te délivrer une sensation en particulier. Elle a gagné mon coeur et est ma nouvelliste préférée (et il y avait du challenge)
RépondreSupprimerJ'ai préféré je crois ce recueil au premier, pour sa concentration sur les thèmes féminins notamment. Je pense que je les relirai un jour ces livres, ils sont vraiment excellents.
RépondreSupprimerElle est très bien ta chronique sinon. Je n'aime pas trop les chro nouvelle par nouvelle (même si ça m'est arrivé d'en faire ^^).