Soleil Vert - Harry Harrison

Editions : J'ai lu

Collection : Nouveaux Millénaires

Date de parution : 4 Juin 2014 / Date de parution V.O : 1966

Prix papier : 14.90 € / prix numérique : 11.99 €

316 pages 

Tandis que l’humanité s’apprête à entrer dans le troisième millénaire, la surpopulation est devenue telle que les ressources naturelles ne suffisent plus à couvrir ses besoins. La nourriture et l’eau sont rationnées, il n’y a plus de pétrole, plus guère d’animaux. Trente-cinq millions de New-Yorkais, pour la plupart sans emploi ni logement, se battent pour survivre.

Andy Rush a un travail, lui. Tous les jours, avec les autres policiers de sa brigade, il part disperser les émeutes de la faim qui se produisent lors de chaque nouvelle distribution de nourriture de synthèse. Alors, qu’importe si un nabab aux activités louches s’est fait descendre ? S’il parvenait à attraper le meurtrier, Andy le remercierait presque pour services rendus…

D'abord Soleil vert, c'est quoi ? C'est un roman paru aux US en 1966 sous le Titre Make Room ! Make Room ! Le roman est alors adapté en film en 1973, sous le nom de Soylent Green, en raison du fameux biscuit protéiné dont il est fait mention dans le roman ainsi que dans le film (où le réalisateur c'est d'ailleurs donné certaines libertés). Le film en France sort en 1974, sous le nom de Soleil Vert, parait la même année le livre affublé du même nom. Cette première traduction faite par Emmanuel De Morati a été entièrement revue en 2014 par Sébastien Guillot. N'ayant pas lu le livre auparavant, je ne peux pas dire ce qu'apporte cette nouvelle traduction. La couverture, elle, par contre est magnifique et relate très bien l'ambiance du livre.

Ce roman est souvent qualifié de chef-d'œuvre, ça donne un peu la pression à la lecture, ou pas. De mon côté, j'avais surtout peur que le côté anticipation soit un peu désuet. Le roman se passe sur les 5 derniers mois de 1999 avant le passage à l'an 2000. On retrouve d'ailleurs les thématiques qui ont fait fureurs quand nous-mêmes avons passé le cap, fin du monde, apocalypse. En même temps, on ne peut pas jeter la pierre aux prédicateurs de l'apocalypse, tout le contexte du roman pousse vraiment à croire que la situation économique et sociale est en train d'imploser, où l'on est arrivé à un point de non-retour. Il est dur d'imaginer que la population puisse accepter de subir plus.

"Les cartes d'allocations se chargeaient de tout, elles faisaient en sorte de vous garder juste assez vivant pour que vous détestiez être en vie."

Entre rationnements de nourriture, d'eau, de papier, pénurie de logement, sans compter la pression d'une surpopulation. Un réseau électrique pourrissant, des institutions qui fautent de moyens ne peuvent plus travailler dans de bonnes conditions. Des émeutes de plus en plus fréquentes et violentes. Comment un tel monde peut encore subsister sans bain de sang. Soleil vert c'est ça,  c'est une société à bout de souffle vivant constamment sur le fil, totalement consciente de ces limites, et sentant que la situation peut virer au drame à tout moment et où les gouvernants n'ont de cesse d'essayer de repousser le jour où cela arrivera. Et puis il y a Andy, inspecteur qui doit mener une enquête avec le peu de moyens dont dispose la police tout en continuant de prêter main-forte à la brigade antiémeute. Cette enquête, c'est sur un meurtre, d'une grosse pompe que personne ne regrettera d'ailleurs. Cette Investigation va le pousser à faire la connaissance de Shirl, jeune femme superbe et compagne de la victime, quasiment la seule figure féminine du livre.
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Après une première partie de lecture quelque peu laborieuse, j'ai finalement réussi à rentrer dans le récit. Le problème vient sans aucun doute d'avoir déjà vu le film et d'y rechercher des similitudes. Et il y en a, mais le livre a vraiment sa propre identité. À noter que pour ceux ayant déjà vu le film que l'ambiance dans le bouquin est vraiment la même.
Que dire de plus que ce qui a déjà était dit. À ma lecture d'aujourd'hui, je ne dirais pas que c'est un chef-d'œuvre, il a les défauts de son époque, avec hélas une vision de la femme qui elle manquait cruellement d'anticipation. La femme reste au foyer à se morfondre dans un cagibi pendant que l'homme lui conduit un lourd labeur, et elle ose se plaindre. Mis à part ce côté qui m'a agacée. Je retiens cette ambiance poisseuse, lourde. Cette oppression constante, où l'on redoute que cette société implose. Le roman suit le fil narratif d'une enquête de police pour nous dresser le tableau de cette société en déliquescence. Le personnage, qui a suscité le plus mon intérêt est Sol, colocataire de Andy, c'est un homme âgé qui a connu le monde quand il était encore vivable. Et c'est d'ailleurs par la voix de ce personnage que l'auteur écrit les meilleurs passages du livre, notamment sur la question de surpopulation et le contrôle des naissances y incluant le débat sur la contraception, ce qui pour un écrit de 1966, ne peut que marquer le respect.

Soleil Vert ne fera peut-être pas figure de Chef-d'œuvre à l'heure d'aujourd'hui, mais il est sans contexte un roman dystopique incontournable, qui continue à marquer les esprits.

L'avis de Lune et Julien pour cette nouvelle traduction.